Le Debrief - Hors-série : notre sélection des pièces printemps-été
A chaque saison théâtrale son lot de nouveautés ou de reprises ! Le Debrief a consciencieusement épluché les programmations parisiennes pour vous. Au total 19 pièces choisies qui n’attendent que vos mains pour les applaudir (ou vos mauvaises langues pour persifler) de janvier à juin. En solo, duo ou en bande, piochez dans la liste les spectacles qui vous font de l'œil. Retrouvons-nous à la sortie pour débriefer !
Débutons ce tour d’horizon théâtral par quelques pièces mettant en scène des histoires de femmes. Au théâtre des Amandiers, l’espagnole Carme Portaceli proposera non pas une mais deux adaptations de chefs-d’œuvre littéraires aux célèbres héroïnes. Ce sera tout d’abord Bovary, spectacle écrit par Michael De Cock d’après le roman de Flaubert, puis Anna Karènina, pièce co-écrite avec Anna Maria Ricart Codina. Deux femmes adultères, éprises de liberté et au destin tragique. Dans un genre bien différent mais non moins dramatique, Lisaboa Houbrechts, qui avait signé une Médée en demi-teinte à la Comédie-Française, s’empare de Brecht et de sa Mère Courage et ses enfants au théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt. Une vision sans concession de la guerre et de sa violence.
Cette seconde partie de saison sera également l’occasion d’aller admirer quelques classiques… ce qui n’est pas pour nous déplaire ! En espérant que leurs metteurs en scène sauront en montrer toute la modernité. Au théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, Georges Lavaudant livrera sa vision du Misanthrope de Molière, cette pièce à la fois drôle et sombre, rythmée par les punchlines de Célimène. Au Vieux-Colombiers, Guy Cassiers tourne la page des Démons pour s’attaquer à Racine et sa sublime Bérénice qui sera incarnée par Suliane Brahim, avec l’excellent Jérémy Lopez en Titus. Gageons qu’il n’y aura, cette fois, ni machine à laver, ni radiateur ! Tiago Rodrigues sera sur toutes les scènes en ce printemps avec la reprise de By Heart, au théâtre Silvia Montfort, Hécube, pas Hécube, spectacle créé à Avignon et joué à la Comédie-Française mais également son adaptation d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare au théâtre de la Bastille. Un de ses spectacles les plus célèbres à voir absolument pour les aficionados du directeur du festival d’Avignon.
Cette collection printemps-été sera également riche en pièces aux thématiques LGBTQIA+. Au théâtre de l’Atelier, la pièce la plus célèbre de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, est mise en scène par Johanny Bert, avec Vincent Dedienne dans le rôle principal, tandis qu’à la Porte Saint-Martin, Christophe Honoré ressuscite ses Idoles qui nous avait tant emballées lors de leur création à l’Odéon. Un spectacle au casting trois étoiles avec Marina Foïs et l’étoile montante du cinéma français Paul Kircher. Au théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, Marie Fortuit adapte Thérèse et Isabelle, roman de Violette Leduc sur la passion de deux adolescentes, une œuvre qui avait été censurée lors de sa parution. Le mystère plane sur la nouvelle pièce de Virginie Despentes qui doit être présentée au théâtre de la Colline au printemps. Seul le titre (provisoire) a pour le moment été dévoilé : romance queer. Parions néanmoins que l’autrice de King kong théorie saura nous surprendre et nous désarçonner.
Quoi de plus réjouissant qu’un spectacle qui ne ressemble à rien (ou presque) de ce que l’on a déjà vu ? Daddy, de Marion Siéfert, est repris à la Villette, deux ans après sa création à l’Odéon. Parfois hilarante, souvent glaçante, cette pièce à part fait le pari réussi de plonger les spectateur·ices dans un monde virtuel. Avec une magnifique scène finale ! Au TGP, Chloé Dabert met en scène Rapt une histoire où se mêlent le vrai et le faux, mise en abyme choc des problèmes auxquels est confrontée notre société. Une expérience unique et singulièrement actuelle. Les pièces de Lorraine de Sagazan se suivent et ne se ressemblent pas. Après Un sacre, solaire cérémonie mortuaire, et Le Silence, deuil sans parole, elle et son complice Guillaume Poix se confrontent cette fois à la notion de justice avec Léviathan, au théâtre de l’Odéon. Forcément saisissant. Au théâtre Silvia Montfort, le duo Natacha Belova-Tita Iacobelli s’est inspiré du Journal d’un fou de Gogol pour créer Loco. Sur scène, une marionnette aussi troublante qu’attachante nous entraîne dans un univers étrange et poétique. Un voyage esthétique qui ne laisse pas indifférent·e.
Teaser de Loco
Finissons par quelques valeurs sûres que vous pouvez aller voir - ou offrir - les yeux fermés ! Repris aux Bouffes du Nord, Sans tambour de Samuel Achache, avait fait l’unanimité lors de son précédent passage dans cette salle. À voir pour celles et ceux qui l’auraient manquée. Au théâtre du Rond-Point, Jean-François Sivadier se confronte avec Portrait de Famille à l’inépuisable tragédie des Atrides, à partir des textes des grands auteurs antiques. Une histoire éternelle, servie cette fois-ci par quatorze jeunes artistes issus du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Trois heures cinquante de ce spectacle qui passeront certainement en un clin d’œil ! Lilo Baur et la Comédie-Française est une romance qui dure et dont le succès ne faiblit pas. Après La Puce à l’oreille de Feydeau et L’Avare de Molière, la metteuse en scène suisse fait ressurgir une pièce oubliée de la reine du suspens Agatha Christie. Qualifiée par Lilo Baur de “Feydeau policier”, nul doute que cette Souricière saura nous combler pour finir la saison théâtrale 2024-2025 en beauté !
Pas de Debrief sans sondage ! Alors quelle catégorie de pièces vous tente le plus ?
À quand la fin de l’impunité dans le monde théâtral ? Après de nouvelles révélations, notamment de menaces de mort proférées à l'encontre de Sandrine Rousseau, le comédien Nâzim Boudjenah aurait été convoqué en vue de son licenciement de la Comédie Française. Un résumé de l’affaire par ici.
Le haut du mois, quant à lui, est décerné à la journaliste Lola Bertet et à la danseuse professionnelle Lola Rudrauf pour leur podcast À corps perdus, passionnant documentaire en 6 épisodes sur le système de violences dans le monde de la danse.
Vous n’avez certainement pas oublié l’anniversaire de Molière ! ( oui oui c’était le 15 janvier). Nous n’avons toujours pas regardé le film d’Olivier Py Le Molière imaginaire avec Laurent Lafitte dans le rôle-titre… mais par association d’idée, nous avons une folle envie d’aller voir La Cage aux folles mise en scène par le même Olivier Py avec l’inarrêtable Lafitte qui depuis sa sortie de la CF n’a sans doute pas pris un jour de vacances. Les places sont par ici !
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Clémentine & Laure 🍀